VISITE EN COTENTIN
Le Cotentin terre d'accueil des cigognes
Nous avons profité d'une belle journée ensoleillée pour aller photographier les cigognes qui ont élu domicile sur les ruines du château de la Rivière à Saint Fromond.
Je ne peux pas vous présenter ces photos sans vous raconter l'arrivée des cigognes dans notre canton et surtout l'historique de ce château que je connais très bien.
Cela fait déjà plusieurs années que ces grands oiseaux migrateurs sont venus s'installer dans notre beau département. Les premières arrivées ont construit leurs nids sur la commune de Graignes très connue de par son hippodrome du vieux château où se disputent de très grandes courses. Par la suite, de nombreux couples sont venus agrandir cette colonie en s'installant dans les communes environnantes, en cela aidés par les habitants des lieux qui leur ont construit de nombreux nids artificiels.
A Saint Fromond, depuis très longtemps un nid est installé à proximité du château de la Rivière, éveillant la curiosité des naturistes qui pendant plus de cinquante ans ont occupé ce lieu merveilleux, aujourd'hui à l'abandon. Près d'une vingtaine cigognes occupent ces ruines en construisant leurs nids sur les restes des anciens murs.
Des nombreuses personnes de la région et touristes viennent admirer les cigognes, mais peu connaissent l'histoire de ce château qui fut un important site historique. Ainsi pour les amoureux d'histoire, je vais vous conter celle de ce château qui commence vers la fin du XIème siècle.
Une ruine, telle qu'on en rêve pour les décors d'opéra, qui subitement se dresse au tournant d'un étroit sentier. Deux tours massives flanquant une porte cochère, large et cintrée accompagnée de sa poterne et surmontée d'une haute fenêtre à meneaux de pierres. Pans de remparts dominant des fossés à demi comblés , et, dans un angle, un gros colombier en forme de donjon trapu, étalant sa masse de pierres grises envahie de lierre.
En entrant dans la cour, on voit une ferme à tuiles rouges adossée aux vieux murs d'enceinte et les restes d'un élégant manoir de la fin du quinzième siècle.
Par les portes béantes aux fines ogives en accent circonflexe enserrant des écussons frustes on aperçoit des tonneaux de cidre. Les fenêtres sculptées de minces nervures ont pour vitraux les nuages. Des escaliers en vrille taillés dans l'épaisseur des murs, s'élancent éperdus pour n'aboutir à rien et une fluette tourelle largement éventrée laisse entrevoir au travers de son épais rideau de verdure une gracieuse plate-forme crénelée, maintenant séparée du monde par l'éboulement de l'escalier. Une vingtaine de marches conduisent à ce qui fut le premier étage, toute une végétation vivace semée par les vents du ciel y pousse à l'aventure et fait de ce coin la ruine une sorte de jardin suspendu.
par les croisées aux barreaux de fer percées dans le rempart, on aperçoit les marais qui s'étendent à perte de vue, verdoyants en été émaillé de troupeaux, mais inondés quand vient l'hiver étangs immenses, peuplés de sauvagine, horizons tristes qui sous un ciel brumeux font comparer à la Hollande ces "bas pays" du Cotentin.
Le passé de ce manoir, les archives de la mairie de Saint Fromond vont nous l'apprendre ""Situé dit un aveu rendu au roi en 1674, sur la rivière de Vire, le château de la Rivière de Montenoy aux douves et fossés duquel la mer flue et reflue, dépendant de la demi baronnie de l'Honneur du Hommet de Rivière dont le chef était assis au Hommet et qui fut érigée en comté par lettre de février 1651
De cette demi-baronnie, jadis unie à l'autre moitié (1) et annexée à la conétablie de Normandie dont les du Hommet furent pendant plusieurs générations titulaires, relevaient immédiatement les fiefs nobles de Saint Fromond, la Motte Airel, Amigny, le Mesnil Véneron, Cavigny, Moon en Bessin, Blagny, Saint Pierre d'Arthenay, Soulles Arthenay, Soulle (2), La Rocque, Fierville, le Chostel, Thère (3), Maubec (4), le Campgrain (5), Longlet et médiatement la Meauffe, Airel (6), la Jugannière, le Bois Jugan, Daye (7), le Dézert et la Mare du Dézert qui relevaient; les quatre premiers de Thère, les deux suivants de Soulle, le Dézert du Mesnil Véneron et la Mare de Cavigny.
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A suivre...............
(1) La seconde portion était en 1674 possédée par le marquis de Canisy (Carbonnel) - (2) Ce fief, les deux suivants et la Jugannière étaient situés à Hébécrevon - (3) A Saint Pierre d'Arthenay et Esglandes - (4) Vavossorie sise à Montmartin en Graignes - (5) Ce fief et le suivant se trouvaient au Dézert - (6) En la paroisse de Rampan - (7) A Saint Jean de Daye ainsi que le précédent Airel relevait de la Meauffe et par suite de Thère. Ces fiefs n'avaient rien de commun avec les paroisses de même nom..