AU DEBUT DU SIECLE DERNIER EN COTENTIN
LAVIE D'UN FILS D'OUVRIER AGRICOLE
L'EGLISE AU FIL DE LA VIE
QUATORZIEME CHAPITRE
Malgré les grands sacrements de l'église reçus, notre vie catholique ne s'arrêtait pas à ce stade, il nous fallait continuer notre éducation religieuse et à l'âge que nous avions nous étions soumis à cette obligation, il nous restait un sacrement à recevoir: la confirmation, qui comme son nom l'indique nous "confirmait" vraiment chrétien. Cette cérémonie n'ayant pas lieu tous les ans, il nous fallait réapprendre le catéchisme quelque peu oublié.
Cette journée présidée par l 'Evêque du diocèse, le Saint Sacrement était administré par ce haut représentant de la religion catholique. Nous recevions cet acte important par l'imposition de son pouce sur notre front accompagné d'un signe de croix, la bénédiction ainsi reçue, nous étions sensés suivre le bon chemin de la foi religieuse.
Pour moi, retour au catéchisme pour le baptême de ma jeune soeur née en avril mille neuf cent trente cinq, il m'a fallu à nouveau me replonger dans la littérature liturgique, mes parents ayant décidé que je serai son parrain. Donc, retour à l'église pour à nouveau réapprendre le savoir religieux. Cela sous l'égide d'un curé très sévère, jusqu'au jour de la réunion autour des fonds baptismaux. Une grande délivrance pour moi, me demandant même parfois si j'avais vraiment la fibre catholique.
Durant l'apprentissage de ma vie religieuse, je n'ai été enfant de choeur que trois ou quatre fois et en "intérim", je n'ai jamais servi la messe, honneur apprécié par certains heureux élus ayant eu ce privilège, mais peut-être n'avais je pas la tête de l'emploi vis à vis du curé, d'ailleurs je n'étais pas le seul.
Autre sacrement de l'église très remarqué dans notre campagne: l'extrême onction donnée aux personnes en fin de vie. Celle ci était administrée par le curé venu souvent à pied avec les saintes huiles et un enfant de choeur portant la croix. Sur leur passage les gens se signaient en accomplissant le signe de croix, un autre enfant de choeur portant une clochette signalait le passage du Christ.
Souvent après la visite du prêtre le fidèle ne tardait pas à mourir, il était même parfois à l'agonie pour recevoir ce dernier sacrement.
Pendant la période du catéchisme et même après il fallait souvent aller se faire confesser, ne serait ce que pour communier, c'était un rituel auquel nous ne pouvions échapper. Faisant la queue dans l'église, nous entrions les uns après les autres dans le confessionnal situé sur un côté de l'église entre la nef et le choeur. Derrière la grille nous séparant du prêtre, il nous fallait avouer tous nos péchés sans en cacher aucun, sinon nous risquions le purgatoire ou plus terrible l'enfer. Nos fautes avouées, il fallait faire pénitence, suivant le nombre de péchés commis, nous avions un plus ou moins grand nombre de prières à réciter ou plusieurs dizaines de chapelets à faire, et parfois les deux suivant la gravité de notre cas. Toutes pénitences que nous accomplissions assez vite.
Les jours de grandes cérémonies ce sont les grandes personnes qui venaient se faire pardonner en avouant leurs péchés au curé. Peu d'hommes venaient se faire confesser, peut être avaient ils commis beaucoup moins de péchés que leurs compagnes.
Par contre beaucoup de femmes venaient au confessionnal, certaines y restaient assez longtemps ayant sûrement besoin d'un long repentir, elles en ressortaient les mains pieusement jointes pour aller s'agenouiller devant un Saint (statues disséminées dans le choeur et la nef représentant les Divinités de l'église) pour prier.
Le prêtre avait autour de lui certaines personnes pour le seconder, notamment des femmes qui l'aidaient dans son ministère, certaines nous enseignaient le catéchisme à sa place. Ces femmes souvent d'un certain âge venaient à l'église comme un semblant de repentir, après souvent une vie mouvementée et joyeuse dans leur jeunesse, une façon comme une autre de se refaire une vie exemplaire.
J'en ai connu deux que nous avions comme suppléantes du curé: une que les gens du pays appelaient "Marie cul sale", car parait il, pendant la première guerre mondiale elle se faisait basculer par les cheminots dans les tenders remplis de charbon alimentant les locomotives du dépôt de la gare voisine, d'où son surnom.
L'autre "Marie L..." (je ne me souviens plus de son surnom) avait vécu de la même façon en un lieu différent, je n'ai jamais su réellement son activité, mais d'après quelques potins entendus, elle n'avait rien à envier à sa compagne de catéchisme.
Ainsi repenties, elles pouvaient nous faire la morale et nous enseigner le droit chemin à accomplir.
A suivre.....