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Notre vie, notre jardin
26 février 2012

AU SIECLE DERNIER EN COTENTIN

  LA VIE D'UN FILS D'OUVRIER

 

AGRICOLE

num_risation0065 

  LA FIN DE L'OCCUPATION

 

                                                                                     trente septième chapitre

 

 La fin de mai, comme ce début du mois de juin a vu les attaques des avions alliés se multiplier. Les bombardements allaient en s'amplifiant tant sur la côte qu'à l'intérieur des terres. Nous étions le lundi 5 juin, j'avais repris le travail aprènum_risation0066s le repos du dimanche, pendant lequel j'avais pu rencontrer tous mes copains. Et pendant mon travail à la cave du buffet de la gare, je me demandais où les allemands allaient m'envoyer construire le fameux pont et sur quelle rivière, auquel ils avaient fait allusion la semaine précédente.

Ce jour là, quelques  avions sont venus nous rendre visite, qui malgré les tirs de la "flak" n'ont pas semblé avoir subi de dégâts, nous les reverrions donc le  lendemain. Passant voir si le vin blanc que je mettais en bouteilles était bon, le patron m'a informé que le lendemain il devait aller à Saint Lô pour essayer de trouver  du ravitaillement pour le restaurant, il est vrai que la cuisinière avait du mal à trouver de bonnes recettes pour accommoder le boeuf fumé qui revenait trop souvent sur les tables du restaurant. La journée a été assez difficile, et le travail terminé, je n'ai pas traîné pour rentrer à la maison pour profiter d'un bon repos.

Mais, en ce début de soirée, l'aviation était très présente et c'est presque sans interruption que nous entendions tous ces avions. Mon père semblait inquiet et pensait qu'il se passait quelque chose, il craignait un fort bombardement de la gare, les voisins aussi se posaient des questions et se demandaient si la libération de notre sol n'était pas venue, et dans ce cas, où elle aurait lieu. Beaucoup pensaient au Nord de la France.num_risation0062

Peu avant minuit, nous avons entendu une série de très fortes explosions, il était très difficile de les localiser, elles venaient du côté de la mer, et malgré les nuages nous pouvions apercevoir des lueurs dans le lointain.

Parti dans le village à la recherche de renseignements, mon père est revenu à la maison nous annonçant que les anglais se préparaient à débarquer et que cela était imminent. Renseignement donné par un cheminot du village, qui lui a été informé par l'instituteur de la commune d'Airel qui était son chef direct dans la Résistance (par la suite nous avons appris qu'ils étaient rattachés à un groupe qui a été pris par la gestapo deux mois auparavant, une douzaine de membres auraient disparus à la suite de ces arrestations).

 

Sans plus de détails, nous nous sommes recouchés, sachant que nous avions un abri tout à côté pour nous réfugier en cas de coup dur.num_risation0064

Vers six heures du matin, j'ai été réveillé par un bruit assourdissant, c'était quelque chose que je n'avais pas vécu jusque là. Toute la famille était debout se demandant ce qu'il allait arriver. Aux alentours tout semblait calme, cela venait de la côte, sans toutefois cibler les endroits exactes. Mon père qui avait fait la guerre de 14/18 disait qu'il s'agissait de grosses pièces d'artillerie de marine et que cela ressemblait à ce qu'il avait du subir à Verdun, nous disant que nous n'avions pas intérêt à rester sur place avec la gare si proche.

Nous ne savions pas ce qui se passait tout près de chez nous, pourtant à quelques dizaines de kilomètres de notre village, d'où nous pouvions voir les lueurs et les nuages de fumée, des milliers d'hommes prenaient pied sur le sol français.

Arrivant par plus de mille navires lancés dans cette opération, cinq cent canons armant une bonne centaine de navires de guerre arrosaient le sol français de leurs obus de gros calibres pour ouvrir le passage sur notre sol aux troupes et aux chars de l'armée anglaise et américaine. num_risation0063

C'est la force et le bruit de toutes ces explosions qui faisaient trembler les portes et vitres de nos maisons.

Dans cette côte de la fotelaie où nous habitions, aucune circulation, ni voiture, ni camion, sur cette route reliant Isigny sur mer à Saint Lô, on se demandait où était passée l'armée allemande. Pourtant dans le lointain le bruit sourd des explosions se succédaient au même rythme.

En sortant de la maison située à mi-côte , j'ai aperçu trois personnes avec des bicyclettes très chargées de bagages, c'étaient des cheminots allemands des "bahnhof" qui montaient la côte, ils sont passés devant moi sans aucun regard, pourtant je les connaissais bien, ils étaient des familiers du bar du buffet de la gare.

Où allaient ils, je ne le saurais jamais.

 

                             A suivre..............

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  • A la retraite avec ma compagne Jacqueline, nous venons vous faire partager notre vie,nos occupations,qui se déroulent paisiblement dans cette belle région... le Cotentin. Au fil des jours, nous vous raconterons nos histoires et celles de ce lieu enchanteur
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