AU DEBUT DU SIECLE DERNIER EN COTENTIN
LA VIE D'UN FILS D'OUVRIER AGRICOLE
l'OCCUPATION COMMENCE
Après la signature de l'armistice avec l'Allemagne le vingt quatre juin 1940, suivie de celle avec l'Italie, va commencer l'occupation. Les troupes allemandes s'installent progressivement dans notre région. Totalement acquis aux occupants, le gouvernement français s'installe à Vichy le premier juillet mille neuf cent quarante, la chambre des députés par trois cent quatre vingt dix huit voix contre trois et le sénat par deux cent trente contre une, décident qu'il y a lieu de réviser les lois constitutionnelles. L'assemblée générale délègue le pouvoir constituant au maréchal Pétain qui prend le titre de "chef de l'Etat Français". Ainsi débute le régime de Vichy avec l'annonce le trente octobre à la radio de la collaboration avec l'Allemagne.
A cette époque la France est assez divisée concernant la collaboration franco-allemande, dans certains villages les allemands ont été bien accueillis, comme pour la population des villes dans notre région il en a été de même, les soldats allemands sachant se montrer bienveillants envers le population.
Philippe Pétain alors âgé de quatre vingt quatre ans instaure un régime autoritaire avec une politique d'ordre moral. la propagande développant le culte du maréchal et l'ensemble est très bien admis dans notre milieu agricole. Il est vrai que pour beaucoup de français, Pétain reste le merveilleux vainqueur de Verdun, mon père lui même l'admire, ayant l'illusion qu'il redonne à la France une nouvelle vie.
Malgré cela une minorité de français ne porte pas le même regard sur cet état de choses; Dans le milieu ouvrier des cheminots l'on sent une certaine défiance envers ce régime collaborant avec l'occupant allemand. D'ailleurs n'étant pas toujours d'accord avec mon père, lorsque je critique son maréchal, il me dit "laisse le président de la France faire son travail et va voir tes communistes (les cheminots) qui préfèrent leur De gaulle, Pétain à sauvé Verdun".
Petit à petit les allemands prennent les commandes de l'Etat, les préfêts non conformes au régime sont relevés de leurs fonctions et remplacés par des pro-nazis. Beaucoup de maires et même de conseillers municipaux sont démis de leurs fonctions par les hommes de Vichy. Dans le milieu rural où nous habitions, ce changement parait moins, beaucoup de politiques étant acquis au Maréchal, pas toujours ouvertement, mais cela existait.
Dans le milieu ouvrier, les grèves sont interdites, l'esprit de revendications fortement condamnés. La collaboration avec l'occupant est extrême, celle ci ayant été symbolisée par la poignée de main de Pétain à Hitler à Montoire en octobre mille neuf cent quarante, le vingt quatre exactement.
Avec mes treize ans et demi, la vie s'écoule normalement pour moi, n'ayant pas de choses à accomplir dans la vie publique.
Deux ou trois jours par semaine, je vais travailler dans une ferme assez proche de chez nous, de ce travail je n'ai pas gardé de bons souvenirs, surtout pour la nourriture qui était plutôt négligée, il fallait faire avec, les parents ayant décidé que j'irai travailler dans cette exploitation.
Le reste du temps, la ferme familiale m'occupe avec les travaux d'entretien dans les champs, le soin aux animaux et autres corvées. Le mardi c'est la fabrication du beurre, il me faut baratter la crème pendant au moins une heure pour obtenir le beurre qui est ensuite lavé à l'eau claire pompée dans le puits voisin. Fin prêt, ma mère le pèse, soit en motte d'un demi kilo, un kilo ou plus suivant les commandes, enveloppé dans une feuille de chou bien fraîche. Il est livré aux personnes des alentours, étant très bon et apprécié il est vite vendu à une clientèle très fidèle.
C'est ainsi que pour moi s'écoule le travail qui varie suivant les saisons;
A suivre......