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Notre vie, notre jardin
30 décembre 2010

AU DEBUT DU SIECLE DERNIER EN COTENTIN

LA VIE D'UN FILS D'OUVRIER AGRICOLE

LES GROS TRAVAUX DES CHAMPS

neuvième chapitre

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Dans cette région du Cotentin, l'élevLes labours servant à la culture

age était la principale activité liée aux travaux des champs

 

 

des céréales pour la nourriture du cheptel de la ferme.   Seul  une partie du blé était réservée pour obtenir de la farin

 

e, celle-ci servant à la fabrication du pain quotidien, cuit dans le four (photo 1) que presque tous les fermiers possédaient. Dans la ferme où mon père travaillait, c'est lui qui était chargé de la fabrication des grosses miches. Je l'ai souvent regardé pétrir la pâte et façonner

 

 

les pains qu'il glissait dans le four préalablement chauffé avec des "bourrées" petits fagots de brindilles et de ronces récupérées lors du nettoyage des haies et qui donnaient un feu ardent. Quand le four était assez refroidi, il m'arrivait de rentrer d

 

edans pour sortir des pains bien dorés.

 

 

Dans les fermes l'élevage des animaux était l'occupation principale des femmes. Le travail ne manquait pas, la plus grosse besogne était la traite des vaches (photo 2) qui se faisait matin et soir. L'élevage des porcs demandait aussi beaucoup de soin, surtout quand les truies mettaient bas, les porcelets demandant une surveillance accrue. La basse cour, avec poules, canards, oies et autres volatiles demandait aussi pas mal de travail. Tous ces travaux  étaient assurés par les "bonnes" ou "servantes", ainsi qu'avec les "petites bonnes" qui très souvent accomplissaient le travail le plus ingrat. Chez les hommes il en était de même avec les "petits commis" soumis à la hiérarchie des grands.

La traite terminée, le travail continuait à la laiterie où le lait était transporté pour être transformé. Après le passage dans l'écrémeuse tournée à la main, la crème séparée du petit lait était stockée dans de grands récipients en grès "les chéraines" dans l'attente du barattage, qui suivant la dimension de l'exploitation se faisait une ou deux fois par semaine. Le beurre   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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obtenu était transporté au marché pour être vendu. L'occasion de sortir la "carriole" pour son transport au marché au beurre. Le panier apporté avec son contenu, la patrone restait souvent seule pour affronter les acheteurs. Le patron allant rejoindre ses amis au bistrot autour d'une "moque de bère" genre de bol avec anse remplie de cidre, tout en discutant des faits de la semaine, des récoltes  à venir ou encore de la politique locale.

 

   

 

 

Pour les salariés travaillant dans les fermes, il n'y avait pa de dimanches libres, ni de jours fériés à part quelques après midi où l'on pouvait rendre une petite visite dans sa famille. Dans tous les cas, il fallait rentrer à l'heure pour la traite des vaches et les travaux du soir, et pour les hommes les soins à donner aux chevaux, surveillés par le grand valet qui dormait dans l'écurie, un lit lui étant réservé dans un angle de celle-ci. Un certain avantage l'hiver, il était au chaud les chevaux dégageant beaucoup de chaleur.

 

Tout le personnel était embauché à l'année, cela se passait le jour de la "louerie" annuelle de la Madeleine au mois de juillet.

Sur la place de la ville voisine tout le monde était rassemblé: patrons, grands valets, commis, bonnes, enfin tous les travailleurs. Chacun discutait son salaire un peu comme  au marché aux bestiaux. L'accord conclu, chacun était engagé pour l'année avec peut-être la chance d'avoir trouvé le bon patron ou tout le contraire, ce qui arrivait assez souvent, la nourriture à table comptant pour une bonne part.

Ce jour de la Madeleine était une détente pour tous, chose assez rare. Une fête foraine créait l'animation de ce jour, avec manèges, chamboule tout, tir à la carabine, loterie, tout ce qu'il fallait pour passer une agréable journée en attendant celle de l'année suivante.

 

La vie dans les fermes était rythmée avec les saisons: au printemps les semailles faites sur les terres déjà travaillées à l'automne. Après le passage de la herse, engin armé de grosses pointes forgées qui émiéttait les grosses mottes. Le blé ou autres céréales étaient                                                                                                                                                                                                         

 

                                          num_risation0036                                       semés à la main, le semeur jetant le grain à la volée (d'où le geste du semeur), après avoir passé le rouleau tiré par un cheval, il ne restait qu'à attendre la levée et laisser pousser jusqu'à l'été. Le grain bien mur et les épis bien garnis venait la moisson . Dans les petites fermes le blé était coupé à la faux, mis en "andains" pour être ramassé, lié et mis en "javelles" pour sécher pendant quelques jours.

 

 

 

 

 

 

 

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Dans les grandes exploitations, on se servait de la faucheuse (photo 5 ), engin mécanique tiré par deux chevaux . Pour la suite, le travail restait le même, le tout bien sec et mis en gerbes était mis à l'abri dans  les granges dans l'attente de la "batterie".

Dans le même temps arrivait la fenaison, tout le monde s'activait dans les prés, le foin coupé soit à la main ou à la machine, il fallait le faire sécher . Avec un râteau en bois il était mis en petits rouleaux "les randes" que l'on tournait régulièrement pour qu'il devienne bien sec, mis en "veillotes", meules (photo 4), il attendait le "bottelou" pour gagner les greniers qui lui étaient réservés.

 

Les moissons terminées, il fallait reprendre le travail de la terre pour l'année suivante. Tout d'abord déchaumer pour ensuite retourner la terre. Cela se faisait avec le "brabant" charrue à deux socs tirée le plus souvent par trois chevaux en ligne, un ensemble pas toujours à maitriser.

 

Puis venait le grand jour "la batterie". De nombreuses personnes s'activaient autour de la batteuse (photo 6), celle-ci était mue par un "locomobile", machine à vapeur qui crachait fumée noire et étincelles. Les deux machines étaient reliées par une longue courroie entraînant les engrenages compliqués de la batteuse. Perchés en hauteur deux "engaineurs" alimentaient num_risation0037la machine en grains vite avalés, d'autres récupéraient la paille en bout de machine, les plus costauds portaient le grain à la réserve, chacun ayant un travail bien déterminé. Le breuvage pour se désaltérer était apporté par les filles de la maison qui assuraient le service, un besoin utile avec toute la poussière dégagée.

Malgré les journées éreintantes, les soirées étaient très animées, et quelque fois bien "arrosées" se terminant souvent très tard même si pour certains il fallait remettre ça le lendemain.

 

Avec le blé noir ou sarrasin existait une autre batterie appelée "la batterie du sarrasin". Travail totalement différent. Sur le sol une grande bâche étendue où était étalée la céréale, une équipe d'hommes bien entraînés frappaient les épis avec un fléau et ceci en cadence pour les égrener. Le fléau était en deux pièces, le manche assez long et un morceau plus court, la batte, les deux attachés par une lanière de cuir.

Avec la farine de blé noir, sont faites les galettes salées que l'on accommode de différentes façons, et la bouillie de sarrasin qui étaient souvent servies sur les tables des ouvriers et ouvrières des fermes.

 

Dans ce monde rural, la journée de batterie comptait beaucoup, n'était-ce pas le résultat du travail de toute une année.

 

                                                     A suivre...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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  • A la retraite avec ma compagne Jacqueline, nous venons vous faire partager notre vie,nos occupations,qui se déroulent paisiblement dans cette belle région... le Cotentin. Au fil des jours, nous vous raconterons nos histoires et celles de ce lieu enchanteur
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