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Notre vie, notre jardin
9 décembre 2010

AU DEBUT DU SIECLE DERNIER EN COTENTIN

                                                                                                                              LA VIE D'UN FILS D'OUVRIER   AGRICOLE

                                 POUR JOUER DES JEUX DE NOTRE FABRICATION

                                                                                                                   sixième chapitre

De mon enfance, je n'ai aucun souvenir d'avoir possédé un jouet acheté par mes parents. Une fois, de la commune, lors d'un Noël, j'ai reçu comme cadeau en étrennes, une petite charrette en métal tirée par des chevaux, je crois me rappeler que c'était une diligence. Je n'allais pas enum_risation0012ncore à l'école, je devais avoir dans les quatre ans.

Dans le village que nous habitions, peu d'enfants possédaient des jouets ( photo 1 ). Pour beaucoup, comme chez mes parents, il fallait faire vivre et nourrir la famille. Sachant que peu de personnes "roulaient sur l'or", l'argent allait de préférence à la nourriture et à l'achat de vêtements, c'était la priorité pour toutes ces familles peu aisées.

Pour Noël, comme tous les autres enfants, nous mettions nos sabots dans la cheminée, bien nettoyés, nous les cirions, non avec du cirage mais avec de la suie provenant du "cul"  le fond extérieur de la poêle à frire ( le cirage du pauvre ). Suie étalée sur le bois des sabots avec une brosse légèrement humide. Le matin au réveil, après s'être endormis avec la tête pleine de rêves, nous allions vite vers l'âtre pour découvrir ce que le "petit Jésus" nous avait apporté dans nos sabots: une "grosse orange" ( photo 2 ). C'était notre seul Noël, mais nous étions heureux.

Malgré cette privation de jouets du commerce, nous arrivions à nous amuser, il suffisait de fabriquer nous-mêmes et par nos propres moyens des jeux simples qui nous occupaient amplement.

La fabrication la plus frnum_risation0010équente était celle des sifflets ( photo 3 ), surtout au printemps où la sève des branches "monte", l'écorce se détachant plus facilement. Cela était un travail d'art, la matière première très facile à trouver.

Avec les copains nous allions dans les haies couper des branches de "coudes" ( noisetier ) ou bien de saule que nous façonnions ( voir plan ). Pour la détacher, l'écorce de la branche était "tapotée" avec le manche de notre couteau, puis retirée de l'aubier avec précaution. Le morceau de la branche taillé avec soin pour donner la forme du sifflet, l'écorce était remise en place. L'instrument terminé, restait à savoir qui en tirerait la meilleure tonalité.

Une autre fabrication tout aussi artisanale, cette des "pétouses" appelées aussi "salbutes". Des "engins terribles" ressemblants à un canon du moyen âge, mais en miniature. Pour cela il nous fallait une assez grosse branche de sureau que nous sciion avec l'¨égoïne emprunter au paternel, nos couteaux n'étant pas assez puissants pour cette tâche. Transpercée en longueur, chose assez aisé, ce canal étant percé dans la moelle de la branche avec une grosse pointe portée au rouge dans le feu de la cheminée. Le conduit terminé, il nous restait à fabriquer des petites boulettes de papienum_risation0007r mâché qui étaient enfoncées avec force à chaque bout de la "pétouse", avec le clou emmanché dans une poignée, il fallait en pousser une et par la pression de l'air, celle de l'autre bout partait avec une détonation d'où le nom de "pétouse". Dans la classe, il arrivait que certains fassent des essais clandestins, ne maîtrisant pas ou mal leur engin, la boulette partait s'écraser en s'y collant au plafond de la classe. D'où l'engin de guerre confisqué et toujours une série de lignes à copier à la clé.

Venant aussi des temps anciens, la fronde, un engin dérivé des catapultes. Pour les fabriquer, il nous fallait aller dans les bois à la recherche d'une branche bien fourchue. Celle-ci trouvée, il nous restait à la façonner en la taillant aux dimensions voulues. Au bout de chaque branche en V était attachée une lanière élastique provenant très souvent de vieilles chambres à air de bicyclette. Les munitions étaient des graviers qui l'élastique bien tendu, partaient avec force. A ce sport de tir, certains étaient très adroits et se permettaient de "descendre" des oiseaux en vol. Ce que je n'ai jamais pu faire, étant plutôt nul dans ce genre de chasse. Beaucoup plus tard, avec l'arrivée du courant électrique, ce sont les isolateurs des poteaux qui étaient visés, au grand dam des usagers qui quelque fois subissaient des pannes dues à ces malveillances.

Aujourd'hui, des frondes ultra sophistiquées sont vendues, mais elles num_risation0001n'ont rien à voir avec celles fabriquées par nous-mêmes.

Souvent, en revenant de l'école vers la maison, nous nous arrêtions au lavoir, ( aujourd'hui disparu ) ( photo 4 ), les lavandières ayant bien battu le linge tout en entretenant les commérages de la commune étaient parties. Profitant de cette absence, sabots de bois et chaussettes étaient enlevés pour aller patauger dans cette eau qui parfois prenait des couleurs d'arc en ciel. Le fait d'un teinturier se trouvant en amont du ruisseau qui alimentait ce lavoir. Pour nous c'était un évènement, nous ne connaissions rien à l'alchimie de ces artisans teinturiers.

Ainsi se passaient nos plaisirs,avec nos jeux souvent sommaires que beaucoup maintenant n'ont jamais connu et ne connaîtrons sans doute jamais et qui seront pour toujours enterrés dans le passé

                              A suivre...

                           

                                                         

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  • A la retraite avec ma compagne Jacqueline, nous venons vous faire partager notre vie,nos occupations,qui se déroulent paisiblement dans cette belle région... le Cotentin. Au fil des jours, nous vous raconterons nos histoires et celles de ce lieu enchanteur
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