DEBUT DU VINGTIEME SIECLE EN COTENTIN
LA VIE D'UN FILS D'OUVRIER AGRICOLE
Premier Chapître
Pourquoi ce récit; non pour vous raconter ma vie, mais pour vous faire connaître comment à cette époque vivait le petit monde ouvrier du milieu agricole qui subissait les rigueurs du travail de la terre.
Le but aussi, faire découvrir aux plus jeunes et même un peu moins jeunes d'aujourd'hui la dure réalité des années d'avant guerre. Certains en tireront peut-être beaucoup d'avantages en enrichissant leur propre culture, tout en faisant la connaissance d'un passé qui s'estompe au fil des ans.
De mon mieux, j'aimerais vous faire partager cette vie, parfois rude, souvent hostile envers ceux qu'on appelait les "pauvres", que j'ai vécu et que ma mémoire de gamin a retenu.
Dans cette petite commune du cotentin très rurale où je suis né, toute l'activité était liée au milieu agricole, pas d'activités industrielles, quelques artisans ruraux travaillant localement, qui, au gré des saisons réparaient matériel agricole ou suivant leur corps de métier, effectuaient maçonnerie, charpente et autres travaux , allant de fermes en fermes.
La vie était aussi très difficile pour les femmes : En toutes saisons les lavandières se rendaient au lavoir communal, subissant les rigueurs de l'hiver. Les couturières passaient de fermes en fermes avec leur machine à coudre "Les Singer" de l'époque, machine à main , le courant électrique étant encore inconnu dans la région. (J'ai la chance de posséder une voiturette qui servait à les transporter, elle a plus de cent ans).
En ce milieu agricole, surtout de grosses fermes gérées par les "puissants" de la commune, qui le plus souvent en détenaient le pouvoir, soit en tant que Maire ou Conseillers Municipaux, "les petits" n'étant pas admis à y siéger.
A côté d'eux, quelques ouvriers possédant un petit lopin de terre, qui bon an, mal an nourrissaient une ou deux vaches, cela améliorant un peu leur ordinaire. Pour beaucoup un désavantage certain, car n'ayant pas le matériel voulu pour travailler leur bout de terrain, ils dépendaient du fermier les employant qui prêtait cheval, machine de fenaison et autres matériels, mais en compensation, l'ouvrier fournissait une ou deux journées de travail gratuit, ce qu'on appelait à l'époque "les corvées". Dans la réalité l'ouvrier était toujours perdant vu le travail fourni.
Pour ces ouvriers, les journées de labeur étaient longues, debout dès l'aube, il fallait souvent marcher une heure ou deux pour se rendre au travail, autant pour revenir à la nuit tombée, épuisés, pour retrouver leur maison pour un repos bien mérité.
A suivre.....